Avoir l’idée de monter un sommet à 6088m d’altitude, il faut être fou, ou ne l’avoir jamais fait pour tenter cette expérience. C’est là que je vais essayer d’aller aujourd’hui. Gravir le glacier pour arriver au sommet du Huyana Potosi qui se trouve près de la Paz.

Jour 1

Moi devant le Hayana Potosi

Première étape, trouver une agence avec qui partir. Une montée comme ça, ça ne se fait pas seul, j’ai besoin du matériel et des guides qui connaissent le chemin. J’ai trouvé facilement une agence, car j’ai eu de bons conseils d’un couple belge rencontré en Patagonie, qui l’ont fait avant moi.

Je pars avec Hiking Bolivia Tours que je recommande fortement! Et si tu peux partir avec le guide David, c’est encore mieux! Il fera de son mieux pour t’amener en haut du glacier.
Maintenant que j’ai toutes les informations, je dois convaincre Eléonore de partir avec cette compagnie.

J’ai rencontré Eléonore à Sucre. On s’est donné rendez-vous deux semaines plus tard à la Paz pour grimper cette montagne ensemble. Finalement, ça a été facile de la convaincre. On réserve le tout, nous partons dans 2 jours.
Deux jours plus tard, rendez-vous à 9h30 pour prendre le matériel et partir vers la montagne. Je vais pas te mentir, le départ est un peu chaotique. Ça prend beaucoup de temps, des personnes n’ont pas encore payé, on s’arrête dans un petit magasin pour acheter de quoi manger. Tant bien que mal on arrive pour le lunch au camp de base à 4900 m d’altitude en voiture.

Groupe encordé sur un glacier

On enfile notre équipement d’alpinisme et nous voilà parti pour quelques exercices de marche sur un glacier et d’escalade sur un mur de glace. La marche se passe super bien, on apprend à marcher avec les crampons, utiliser le piolet et à sauter quelques crevasses. Ensuite vient le moment le plus fun, la descente du mur de glace en rappel. Je prends mon petit plaisir à descendre ça! Et une fois que tout le monde est en bas, on commence la montée du mur aux piolets.

Eleonore en descente en rappel

Ce n’est pas si facile que ça de gravir le mur. Il n’est pas si haut mais l’effort est quand même intense. Il faut lancer le piolet assez fort pour qu’il s’enfonce bien dans la glace, tirer sur ses pieds et ses bras pour monter un peu afin de planter l’autre piolet. Au début la force est là, mais à la fin je dois m’y prendre à plusieurs fois pour que le piolet se coince dans le mur. C’est essoufflé et très fatigué que je reviens en-bas en rappel. C’était super comme expérience mais je suis vraiment à bout de force. Je n’ose pas imaginer la force qu’il faut aux personnes qui escaladent de grandes parois glacées.

Eleonore monte le mur de glace aux piolets

Jour 2

On retourne vers le refuge et après un bon repas, on pars se coucher. Le lendemain matin, rien ne nous attend réellement, on déjeune, on prépare nos sacs et on attend … le lunch. Car après le lunch, on part vers le camp d’altitude à 5200 m d’altitude. Il n’y a pas beaucoup de kilomètres, mais tout le matériel d’alpinisme est dans nos sacs et on est haut en altitude. Je n’ai pas beaucoup de souffle surtout que ce matin, j’avais un peu mal la tête du à l’altitude.
J’arrive tant bien que mal au-dessus, où la vue est magnifique. On dort au bord du glacier, le lendemain, on pourra directement mettre nos crampons pour monter au sommet. Mais avant ça, il y a une nuit à passer.

Moi avec la vue à 5200m

Jour 3

Le début du cauchemar commence… je ne ferme pas l’oeil de la nuit, j’ai mal à la tête, dès que je bouge, ça me lance dans la tête. J’ai en plus des envies de vomir. Les signes typiques du mal de l’altitude. Là, le moral s’effondre, je ne monterai pas demain au sommet. Je sais que Eleonore elle y arrivera et vu qu’on est encordé, si une personne veut descendre, les deux doivent descendre. Je passe la nuit avec cette idée en tête, et ça me démoralise complètement! J’ai juste envie d’une chose à ce moment là, retourner chez moi, en Belgique.
Le réveil est programmé à 1h30. Je ne sais pas par quel miracle mais à 1h15 je réussi enfin à m’endormir. Juste 15 min, mais c’est assez pour me réveiller en un nouvel homme. Le mal d’altitude va mieux même si je ne suis pas au top. J’en parle avec mon guide, il me dit de prendre mes pilules de mal d’altitude et de boire des matés de cocas. Je finis par enfiler tout mon matériel d’alpinisme et à 3h me voilà parti. J’avais demandé au guide si je pouvais pas monter seul et Eléonore d’aller avec une autre personne qui était toute seule. Mais il a dit s’il faut on changera sur la montagne mais pour le moment, on reste comme ça.

Eléonore me motive aussi et on part, le début se passe bien, mais rapidement, le mal d’altitude revient. David (mon guide) me donne une pilule, est ce que c’est un médicament, de la drogue? Je ne sais pas, mais en tout cas mon mal de tête n’a plus augmenté et je recommence l’ascension plus sereinement. Mais toujours concentré sur ce que je fais, la montée se fait dans un silence complet à observer ou je vais et de temps en temps le ciel étoilé. On est maintenant à la moitié de l’ascension, le moral est bien là, je sais maintenant que je peux y arriver. Si j’ai su faire la moitié, il n’y a aucune raison que je ne puisse pas arriver au sommet.

Et pourtant, l’effort devient de plus en plus dur, il me faut plus de temps pour récupérer après chaque pas, je n’arrive plus à aller aussi vite. Les zones où c’est plat se passe plutôt bien, mais dès que ça remonte l’effort devient presque impossible. Nous sommes dans la dernière partie : quelques lacets avec un dénivelé extrême. Je ne sais toujours pas où j’ai été cherché ma force pour réaliser chaque pas, le sommet est proche et si loin en même temps. Le soleil commence à se lever, on ne verra pas le lever du soleil depuis le sommet. Pour nous motiver, je commence à chanter la première scène du roi lion avec le lever de soleil. Bon juste la première phrase, après, mon corps me rappelle qu’on est presque à 6000 m.

Je fais deux pas, je m’arrête pour reprendre de l’énergie et ainsi de suite. La fin se fait très lentement, on est épuisé. Il reste une dizaine de pas, c’est au mental que je finis cette ascension, il n’y a que ça qui peut nous amener au sommet, les jambes sont cuites depuis un moment maintenant. On y est, 6088 m d’altitude, au sommet du Huyana Potosi. On s’écroule directement à terre en admirant le paysage. On a même pas de force pour prendre quelques photos.

Après quelques minutes, le guide commence à prendre 10.000 photos de tout le groupe au sommet. Et ça commence vraiment à me gonfler, je suis fatigué et j’ai pas envie de rester comme un piquet pour faire 10.000 fois la même photo. Surtout que j’aimerais bien aussi en faire avec mon appareil avant de descendre. Il fait des photos d’Eléonore et moi sur tous les angles et ensuite je peux faire les photos et vidéos que je veux. Mais à ce moment là je suis un peu énervé. Je crois que la fatigue y joue pour beaucoup aussi.

Eleonore et moi au sommet du Huyana Potosi

On commence notre descente vers le camp d’altitude. Je n’ai plus aucune force je marche assez lentement, un peu trop lentement au gout du guide. Du coup, il met Eléonore devant pour que je suive son rythme. Au final, la seule chose qui arrive, c’est que je tombe une fois et failli une autre. Je n’ai plus aucune énergie, à ce moment là, je suis vraiment fâché sur le guide, lui qui avait été top tout au long de la montée.

Arrivé au camp, les guides nous pressent pour qu’on mange rapidement, et faire nos sacs pour redescendre vers le camp de base où nous attend les bus pour retourner à la Paz. Mais on est tous fatigué, on veut juste un peu de temps pour prendre un break et reprendre des forces avant de repartir.
La descente se fait bien, on reprend le bus où je dors à moitié et une fois à la Paz, je peux enfin dormir et rêver de la magnifique expérience que je viens de vivre.